C’est étrange la vie. Cet infini recommencement quotidien aux variations parfois subtiles, parfois déconcertantes. On dit que la vie c’est comme une boîte de chocolat. Du moins, Forest le dit. Moi je dis que la vie c’est aussi comme une piste de ski de fond.
Y’a du plat, des moments où un effort de base suffit à nous faire avancer. Des périodes, des sections de pistes que l’on pourrait parcourir les yeux fermés ou même dans le noir, comme certaines de mes amies téméraires se plaisent à le faire ! Un seul élan nous permet de parcourir aisément de bonnes distances. L’élan des amis, de la famille, de la valorisation au travail. D’un verset, d’un encouragement. Le rythme est constant, la vitesse est bonne et l’effort est négligeable.
Puis il y a les virages. C’est moment où l’on ne doit pas se laisser distraire, où il faut garder les yeux sur la piste avec attention, au risque de prendre le décor ! Des décisions importantes, des changements de carrières, des situations déstabilisantes qui nous obligent à nous questionner ou à nous positionner.
Il y a des montées. Des petites et des grandes. Ces instants où il faut tout donner. Où l’effort est grand, où la fatigue et l’usure se font sentir. Où s’arrêter peut vouloir dire reculer. Des combats de longue haleine pour garder de bonnes relations avec les autres ou avec nos enfants, pour préserver notre couple ou pour se défaire de dépendances malsaines. De luttes physiques, quand la santé fout le camp, et émotionnelles quand la tristesse ou la colère s’installe. Dans les longues montées, il faut lever les yeux, garder espoir, même quand le sommet est invisible. Il faut se l’imaginer, croire qu’il existe et qu’on va forcément l’atteindre. Dans les montées, j’aime être entourée. C’est le moment où je demande à mes amies, moins essoufflées que moi, de me parler, de me raconter leur vie. Le temps passe plus vite, l’effort semble moins grand quand on n’est pas seul…

Lorsqu’on y arrive enfin, au bout de ces montées, on regarde en arrière avec incrédulité, peinant à croire ce qu’on a accompli ! Tellement satisfait de constater qu’on avait raison d’y croire et de persévérer. Un cocktail de reconnaissance, d’accomplissement et de fierté.
La vie est aussi faite de descentes. Des petites descentes douces qui n’apportent que du plaisir, et d’autres, plus casse-cou, qui nous terrifient. Le plus difficile est de ne pas savoir ce qui nous attend derrière les tournants… Est-ce que la piste s’adoucira ou s’inclinera plus encore ? Y aura-t-il des bosses, des creux, d’autres tournants ? Des chutes douloureuses ? L’imprévu, l’inconnu, ces évènements que l’on n’a pas vus venir et qui viennent nous surprendre, parfois en bien, parfois en mal. Dans les descentes hasardeuses, mon amie Jessie, qui tente de faire de moi une bonne skieuse, me dit toujours : « Accepte la vitesse Djouli (qu’elle prononce à la mexicaine) ! Aie confiance ! » Le fameux lâcher-prise, ce moment où il faut mettre le désir de contrôle de côté et se laisser porter par notre foi.
Ma vie, ces temps-ci, est tout sauf du plat. Elle est faite de montées ardues et de descentes terrifiantes qui s’enchaînent en continu. C’est un parcours difficile, un losange noir, sans aucun doute. Un parcours que je n’ai pas choisi, dans lequel j’ai été catapultée par la maladie (pour les curieux, plus de détails se trouvent ici). Je dois aller au bout de cette piste dont je ne connais ni la longueur ni le degré réel de difficulté. Je ne vois rien devant, que des tournants mystérieux qui me cachent la suite des choses, un kilomètre après l’autre.
Dans mon désarroi, j’ai parfois cette image de moi qui skie, comme j’avais l’habitude de le faire, dans la forêt douce et belle, dans la quiétude et la plénitude. Dans ces circuits que j’avais choisis et qui me convenaient. De moi qui inspire de tous mes poumons cet air frais qui me fait vivre. De moi qui m’appliquer à skier lentement pour ne rien manquer du paysage et pour faire durer le plaisir. Qui savoure les silences et les beautés du parcours.

J’aime skier.
Je n’ai pas choisi cette piste trop difficile pour moi, mais je peux choisir ma façon de la parcourir. Je peux choisir de skier de cette même manière, en contemplant ce qu’elle a de beau, en m’émerveillant d’être en vie et en portant attention à tous ces détails sublimes qui sont encore là, dans ces montées et ces descentes, dans ce parcours difficile.
Je peux « accepter la vitesse et avoir confiance » parce que je ne suis pas seule dans cette piste. Parce que j’ai la foi. Parce que j’ai l’espoir. La Bible regorge de ces versets où Dieu promet à ceux qui lui appartiennent de ne pas les délaisser. De conserver son alliance envers eux. Ils souffrent, sont malades, dépressifs et cruellement atteints par différentes circonstances. Et toujours, les paroles de Dieu sont les mêmes : « Je suis avec toi, je ne t’abandonne pas ».
Deutéronome 31 : 8
« Fortifie-toi et prends courage ! L’Éternel marchera lui-même devant toi, il sera lui-même avec toi, il ne te délaissera point, il ne t’abandonnera point ; ne crains point, et ne t’effraie point. »
Dans les moments difficiles, ce que Dieu nous demande c’est de nous fortifier. Alors je me demande : « qu’est-ce qui pourrait me rendre plus forte ? ». Respirer à pleins poumons sa présence remplie d’oxygène. Me nourrir adéquatement de lui, de sa parole. Nourrir ma foi plutôt que mes peurs. Bien m’hydrater en baignant dans ses promesses et son amour qui ne faillit pas.
Et ne pas céder au découragement.
Je verrai le sommet. Je survivrai aux descentes, non sans avoir chuté quelques fois sans doute. Et quand je verrai la fin de cette piste beaucoup trop longue et trop difficile, je saurai alors de quoi je suis capable et en qui je crois. Et enfin, les losanges noirs ne me feront plus peur…
Crédit : Photo by Syed Qaarif Andrabi: https://www.pexels.com/photo/snow-covered-mountain-under-gloomy-sky-10797243/
Sur per beau , j’ai lut le tout , sa touche vraiment
Ma fille à peuplier votre article
Très encourageant! Merci pour ton authenticité.
Merci pour le commentaire Sylvie 🙂