Il faut que j’avoue. J’me pensais ben bonne.
Toute ma vie, j’ai pas mal eu le sentiment d’être à la hauteur des défis qu’on me présentait. Ça sonne prétentieux, je sais, mais c’était ça quand même. J’avais des très bonnes notes à l’école, et donc assez confiance en moi au secondaire pour penser que je pouvais faire n’importe quoi après. Alors je suis devenue journaliste. À la télé. Rien de moins! Avoir une vie publique, me faire reconnaître dans la rue et à l’épicerie, parler devant des grandes foules, animer des galas et des téléthons live pendant des heures…j’aimais ben ça, et ça ne me faisait pas peur du tout.
J’ai aussi fait, en parallèle, un cours en Réalisation de films documentaires et créé mon premier moyen métrage qui a été projeté dans quelques salles du Bas-du-fleuve. J’étais pas mal fière. Après, je suis partie seule pendant un an en Europe (ma pauvre mère capotait!), et à mon retour, j’ai repris les études, en Histoire de l’art. J’ai clanché le bac et la maîtrise en cinq ans top chrono, et avec mention excellence par-dessus ça. Tsé. Bring it on! Des challenges, de l’aventure, amènes-en!
Ouin, j’me trouvais ben ben bonne…
Puis j’suis devenue maman.
Je ne sais pas si c’est parce que je n’avais jamais pris le temps d’écouter les filles autour de moi qui racontaient leurs défis de nouvelles mamans (donc j’étais juste naïve, pleine de licornes et d’arc-en-ciel dans les yeux), ou parce que je croyais sincèrement que moi, je rockerais ça mieux que n’importe qui, la maternité. Peut-être un peu des deux. Okay. Peut-être plus la deuxième option que la première. Je l’écris et j’avoue, j’ai un peu honte. En tout cas, le choc a été brutal. Je n’étais clairement pas prête pour ça, faqu-e, j’ai frappé un mur.
Non, en fait, j’ai FESSÉ un mur s-o-l-i-d-e-m-e-n-t.
Le plus gros défi de ma vie
La maternité, c’est officiellement de loin, de très TRÈS loin même, le plus gros défi de ma vie. Presque du jour au lendemain, j’ai commencé à ne plus me sentir à la hauteur. Disparue, la superwoman qui pensait pouvoir gérer mille projets sans sourciller (et ce, en gardant une mise en pli impeccable, disons-le). J’ai eu l’impression de devenir soudainement quelque chose comme la version moche, plate, impatiente, incapable, de moi-même.
La fatigue des nuits accumulées à se lever aux deux-trois heures pour allaiter, les hormones post-grossesse dans le piton, le super conjoint dévoué qui a pris la moitié du congé de maternité pour vivre ces premiers mois en famille, mais qui était TOUJOURS là (est-ce nécessaire de dire qu’on commençait à se taper sur les nerfs?), la première poussée de croissance, les froides et noires journées de janvier qui me donnaient juste envie de m’encabaner (grave erreur). Un cocktail classique mais dangereusement explosif qui a fait chavirer mon monde bien établi. J’ai pleuré, beaucoup, et souvent. Et j’ai dit à mon amoureux plus d’une fois qu’il faudrait peut-être que j’aille consulter. L’ombre de quelque chose comme une genre de dépression commençait à me guetter. Je suis entrée dans ma première vraie « vallée de l’ombre de la mort ».
Là, vous vous dites que c’est normal, que ça arrive à plein de mamans, que c’est un phénomène documenté même, le fameux blues post-partum. C’est vrai. Mais j’ai réalisé que dans mon cas, il y avait en cause quelque chose de bien plus grave, de bien plus profond, qu’un simple mélange d’hormones et de manque sommeil. J’en parlerai en détail, et le plus honnêtement du monde, dans mes prochains textes. Il faut que je garde un peu de suspens (à lire avec l’accent anglais), quand même!
Une nouvelle saison
Je réalise aujourd’hui que cette nouvelle saison de ma vie, assez éprouvante merci, Dieu l’avait prévue pour moi, pour shaker les fondations (…ou les EXPLOSER, plutôt) de ma petite maison que je trouvais dont ben belle, et qui paraissait dont ben bien. J’ai eu le choix de me laisser submerger. J’aurais pu. J’y ai pensé. Mais j’ai aussi eu le choix de m’accrocher désespérément à Dieu. Et c’est ça que j’ai décidé de faire.
Pour la première vraie fois de ma vie, j’ai commencé à dépendre de Lui.
Pas juste le dire parce que c’est supposé être ça, la vie chrétienne, et pas juste le chanter le dimanche matin à l’église, avec l’air sincère, les mains dans les airs, comme la bonne femme de pasteur que je suis (!!!). Vraiment pour de vrai cette fois, au quotidien, chaque matin, chaque midi et chaque soir de chaque jour.
J’ai dû choisir et admettre ma dépendance à Dieu pour juste fonctionner dans mes journées.
Le verset de 2 Chroniques 20: 12 est devenue ma déclaration matinale, mon aveu de faiblesse, et probablement la seule chose que j’étais capable de prier face à ce chaos de ma vie qui me dépassait complètement.
…Nous sommes sans force […] et nous ne savons que faire, mais nos yeux sont sur toi.
2 Chroniques 20:12
Moi je le disais à Dieu dans le genre : « Je suis VRAIMENT sans aucune espèce de force, Seigneur, et j’me sens comme une merde, pis je sais pas comment j’vais faire aujourd’hui, mais mes yeux sont quand même sur TOI ». J’ai aussi commencé à chanter tous les soirs, ou presque, à notre belle petite Noémie qui ne soupçonne rien de ce que sa maman traverse, cette magnifique chanson de Marie-Hélène Charette, Tu es ma paix. Elle était depuis longtemps dans ma playlist d’ordinateur, je la connaissais par cœur, mais je la skippais souvent parce que je la trouvais un peu trop molo. Mais là. Je n’arrive plus à la chanter sans avoir un nœud dans la gorge et les yeux plein d’eau (genre, je l’écris et c’est encore le cas).
« Quand la mer semble agitée, quand les flots veulent m’inonder, je ne sais plus où aller. Dans la tempête, tu es ma paix. Tu es ma paix aix-aix, aix-aix, tu es ma paix aix-aix-aix, aix-aix » (vous l’entendez, hein?)
Rien de plus épeurant que cette tempête qui menace de faire couler mon bateau, mais rien de plus rassurant que de savoir que mon Papa, ici avec moi, tient ma main et ne me laissera pas sombrer. Et puis, de chanter ça à voix haute, c’était aussi une déclaration, à moi, à Dieu, à l’ennemi, peu importe, que je passerais au travers et que ça me rendrait plus forte parce que plus accrochée que jamais à Dieu (quel beau et puissant paradoxe, non?!).
Les articles que je vous proposerai sur le blogue de mamanchretienne.com, c’est SURTOUT ça. Parler de cette difficile saison de ma vie, oui, mais encore plus de comment elle me rapproche de Lui, de comment Il m’apprend à être radicalement dépendante de sa présence, comment Il transforme mes fausses conceptions et redéfinit mon identité pour la rendre vraie, solide, sainte. Les lectures et les rencontres formidables qu’Il met sur mon chemin, nos discussions aussi, Lui et moi, sont d’un secours inestimable depuis quelques temps.
J’espère et je prie de tout mon cœur que ça puisse vous inspirer, vous encourager, vous aussi, à vous rapprocher de LA source de paix, d’amour, de joie et de sécurité suprême, peu importe la saison dans laquelle vous vous trouvez.
Bonjour Pricille, j’ai adoré ton article, pour avoir vécu le privilège d’être maman à 4 reprises, je peux t’affirmer que tu n’es pas seul, que vous n’êtes pas seuls, moi aussi je me suis accrochée à ma foi, à Dieu! C’est pas inné de devenir parents, on doit apprendre à vivre cela au jour le jour… une journée est si differente d’une autre! Parfois nos plans sont chamboulés, on doit faire avec ça! Il faut avoir confiance en ses capacités, les enfants le ressentent, le quotidien devient vite une routine et c’est l’à qu’il ne faut pas se perdre! Un jour à la fois, on a tant à apprendre de l’amour que nous transmettent ces petits anges!
Je crois que vous allez faire découvrir à plusieurs maman qu’elles ne sont pas seules à vivre cette réalité, bravo et au plaisir de te relire! Dieu est amour ❤️!
Merci Nathalie pour tes encouragements. Je crois que tu as raison, ça prend aussi une bonne part de « au jour le jour » et de lâcher prise pour y arriver. Je prépare déjà la suite de mon premier texte, qui ira encore plus en profondeur. J’ai hâte de lire ce que tu en penseras 😉
Ma soeur tu es hot! Merci d’avoir partagé cette tranche de ta vie. On es jamais seule et il faut en parler et trouver des solutions. Merci xx
Hey! T’es fine de lire mes trucs. J’espère que ça t’encouragera aussi! Love you xxX
Je suis un papa et ton texte m’a touché, nous de notre côté on se sent tellement inutile pendant ces moments difficiles, On veut aider en même temps tout semble vous déranger. C’est vrai que lorsque la bulle pète du good parenting avec les tit oiseaux qui font cuit cuit, ça donne un coup de barre dans les dents.
Je te lève mon chapeau Pricile pour cette honnêteté que tu partages, tu peux être fière de toi, car je sais avec assurance que plusieurs vont ce lire dans ce texte. Chapeau à toi petite maman, car avouer ne pas être à la hauteur, selon nos attentes, est le commencement de l’humilité parentale. En tant que papa je ne cesse d’apprendre à chaque jours sur ce sujet.
Keep up tu as une belle princesse qui ressemble tellement à son papa,
peace
Merci Pash d’avoir pris le temps d’écrire un commentaire! Wow! Je ne m’attendais pas à avoir des échos de papas! Quelle aventure incroyable que de devenir parents; qu’on soit maman ou papa, Dieu profite de cette période intense de chamboulements pour nous parler et nous transformer vitesse grand V. C’est un grand privilège, même si sur le coup, on ne le voit pas toujours comme ça! Je serais heureuse de continuer à te lire sur mes prochains textes. Ton opinion de papa m’intéresse. Alors sens-toi très à l’aise 😉
Toute une plume qui sait accrocher nos coeurs et nous faire revivre ce temps passé . Si tu savais comment je te comprends moi qui en ai eu 10, je ne me suis jamais sentie prête à bien les accueillir comme ils auraient du ëtre accueillis. J’ai beaucoup appris à laisser mourir mon ego mais cela fut bénéfique pour ma mission de vie d’aider les gens à devenir la meilleure version d’eux mêmes .. Des fois lorsque ej em réfugiaias dans ma douche pour un tit break entre un allaitement et un lavage de couches et un souper à préparer , je pleurais plus de larmes que le pommeau de douche laissait couler de l’eau . Aujourd’hui je crois que je suis prête à 61 ans à avoir des enfants et savoir quoi faire … Merci à ce si merveilleux , si présent Dieu d’avoir parcouru ce chemin avec moi
Ha Maryse! Tu en aurais des histoires à raconter, et je serais ravie de toutes les lire. Prendre la plume, ça t’intéresserait un jour? C’est drôle que c’est à 61 ans que tu te sens enfin prête et équipée pour avoir des enfants! Haha! Malheureusement – et heureusement, en fait – ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. C’est à travers les moments les plus difficiles, où on se sent le plus démunie, que notre Papa peut le mieux nous transformer et nous rendre dépendant de Lui… Si on vivait tout au moment où on était réellement prêt, où serait la nécessité de la Grâce et de son Amour parfait?
C’est vraiment et tellement vrai. Avec mon premier ouff j’ai vécu ca ruff pas pour les meme raison que toi mais moi aussi j’ai choisi de regardee a mon Pere dans les cieux. Et c’est fou comme il ma trensformer a travers ca et il continue. Je découvre mon identiter de fille devant lui. Et c’est merveilleux de sentir son amour pour moi nathalie et non pour ce que je fait pour les autres. Bravo ma belle ca fait un éterniter qu’on c’est pas parler en vrai mais je suis vraiment contente de lire des nouvelle et surtout de lire ce que le Pere fait en toi. Xxx
Je suis tellement contente de te lire, Nathalie! C’est vrai que ça fait longtemps 😉
Merci pour ton commentaire et tes encouragements. Moi aussi, ça me fait chaud au coeur de savoir qu’à travers la maternité, Dieu t’a gardé près de Lui et te transforme de mieux en mieux! J’espère qu’on aura l’occasion de se recroiser! xxx
Wow! Wow! Et re-Wowwwww 😀
Tellement la simple véritée… Les bons mots pour expliquer ce qui en est du premier.
Personne nous dit ça avant d’avoir des enfants! Le premier change drastiquement ta vie! ?
Mais une chance qu’on a un Papa qui prend soin de nous et en qui on trouve la paix et tout ce qu’on a besoin pour passer un jour à la fois! ???
Et BOOOMM… Le deuxième bébé arrive et amenez-en des bébés… Comme si t’avais fait ça toute ta vie!
Super bon en passant Pri ???
Je pense qu’en plus de prendre soin de nous à travers tous ces chamboulements, notre Papa qui a un peu le sens de l’humour, avait en fait, même, prévu longtemps d’avance un événement aussi intense dans notre vie de femme pour nous amener au niveau suivant! C’est une grâce immense…mais il faut accepter de se regarder dans un miroir et laisser Dieu nous montrer, nous parler, et nous transformer. Tout un exercice! J’ai effectivement hâte de voir si je serai une personne différente, plus sereine, mais surtout avec le coeur et l’esprit mieux disposé, lorsque le prochain arrivera…
Toi, tu sembles épanouie!! C’est merveilleux!!
Priscille, tu as ce don d’écrire pour venir nous toucher droit au cœur..,,, j’avoue j’ai le moton en ce moment et tu as tellement raison qu’il faut toujours s’accrocher à Dieu à chaque instants de notre vie. Tu m’en fais vraiment pensé à moi, dans le sens que je pensais avoir le contrôle (essayer d’être là super maman) mais avec les années que je vois mes enfants grandir, je m’en rend compte que c’est plus dur que je pensais d’
être toujours à la hauteur. Tu es une maman qui aime sa mini fée (ou je pourrais dire Mini) d’en tout son cœur été ça se voit dans tes actions et dans l’an faut à on dont vous vous vous regarder. Xx
Désolé pour les erreurs… mon i pad bugue un peu … la dernière phrase que j’ai écrit voulais-tu dire ça: tu es une maman qui aime sa mini fée ( ou Mimi 🙂 )de tout son cœur. Ça se voit dans tes actions et dans la façon dont vous vous regardez. XX