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Il faut que j’avoue. J’aime ma belle-mère.

Publié le 6 mars 2018

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Écrit par Pricile De Lacroix

Il y a un peu plus d’un an maintenant, mes beaux-parents, Jean-Math et moi avons eu une idée folle : s’acheter un duplex ensemble, pour vivre sous le même toit. La plupart de mes amies pensaient que j’avais perdu la tête, et me répétaient qu’elles, elles ne pourraient absolument JAMAIS vivre aussi proche de leur belle-mère (ou de leur propre mère!). J’ai pris le temps d’y réfléchir, quand même. Ma belle-mère et moi, on a des caractères assez différents, et j’avoue que je voyais quelques embûches à ce projet. Mais il y avait aussi de nombreux avantages…et je me disais que s’il y avait bien un défaut de belle-mère que la mienne n’avait pas, c’était celui d’être envahissante. Alors j’ai décidé de foncer, en me répétant que de toute façon, si des problèmes survenaient, on était des adultes responsables capables de se parler, et que, dans le pire du pire, si ça ne fonctionnait pas du tout, on n’était pas emprisonné personne.

Ça été l’une des meilleures décisions de la décennie!

Je ne savais pas encore (mais le St-Esprit, Lui, savait)… j’allais avoir cruellement besoin d’elle à partir de la seconde même où nous allions « déménager nos p’tits » dans Charlesbourg nord, en juin 2017.

Il faut que j’avoue. J’aime ma belle-mère (et j’ai besoin d’elle)

Je ne compte déjà plus le nombre de fois où elle m’a sauvé la vie. À travers mon été de misère de post-post-partum-retour-au-travail, elle a été là pour prendre Mimi, le temps d’une marche d’une heure, par exemple, pour me permettre de souffler un peu, ou juste m’empêcher de perdre les pédales. Elle m’a fait des bons petits plats mijotés, m’a invité à manger chez elle un nombre incalculable de fois aussi, a été une oreille douce et attentive. Puis, au mois de janvier dernier, suite au décès soudain de ma petite soeur, j’ai dû partir en France en catastrophe pendant 10 jours, et à mon retour, les semaines qui ont suivi ont été extrêmement pénibles. J’ai dû organiser une cérémonie commémorative à Québec, en plus de gérer une Mimi qui réagissait x1000, et c’est sans compter l’horrible gastro qui m’a rendue invalide pendant une grosse semaine début février. Mais elle a été là. Elle a fait beaucoup de temps supplémentaire, avec mon beau-père, pour garder, faire des repas à n’en plus finir, se lever avec mademoiselle-je danse-le-chachacha-aux-aurores pour me permettre de dormir un peu plus longtemps.

Sérieusement, je ne pourrai jamais lui retourner la pareille (sauf si, dans ses vieux jours, je dois changer ses couches pendant au moins 10 ans). Elle s’est dévouée d’une façon qui me touche profondément et que je ne pourrai jamais oublier.

Et tout ça m’amène à réfléchir.

D’abord, je suis incroyablement bénie de voir l’amour de Dieu pour moi à travers elle, Lui qui savait à quel point c’était une bonne idée d’aménager sous le même toit, et nous a poussé à le faire malgré les réticences de part et d’autre. Ensuite, je me dis que tsé, des fois (voire, la plupart du temps), nos peurs, nos « oui mais » et notre attachement à notre petit confort, sont injustifiés. Quand on ose faire un pas de foi, Dieu a tellement mieux en réserve pour nous.

Mais surtout, je réalise à quel point, dans la vie, et particulièrement celle de nouvelle maman, ON A BESOIN DES AUTRES.

Créées pour être en relation

Je pense de plus en plus que l’un des grands secrets pour éviter de devenir une maman hystérique, outre celui de nourrir constamment son esprit avec la vérité de Dieu, comme le disait mon dernier texte, c’est d’accepter d’être vulnérable, d’oser dire qu’on a besoin d’aide et de se laisser aider. Avant même que les Africains inventent l’excellent dicton « ça prend un village pour élever un enfant », il y a eu un certain Jésus qui a déclaré que l’Église, c’est le corps de Christ. Ça, en langage clair, ça veut dire qu’à gang, on forme un tout, qu’on sert tous à quelque chose de concret, et aussi que dans toutes les sphères de nos vies, on a besoin des autres membres du corps pour bien fonctionner. Je suis très intimement persuadée, et je le dis à qui veut bien l’entendre depuis longtemps : Dieu nous a créé des êtres R-E-L-A-T-I-O-N-N-E-L-S.

La vérité, c’est qu’Il pourrait facilement transformer nos vies du tout au tout Lui-même, parce qu’Il est assez puissant pour ça. Il pourrait régler tous nos bobos, nos peines et nos misères, réduire nos difficultés à néant, en disant juste un mot ou en levant à peine le petit doigt. MAIS Il a choisi d’agir surtout à travers ses créatures qu’Il aime tant qu’on appelle « êtres humains ». Ça, ça veut dire que, si tu passes ton temps en p’tite boule dans ta chambre à te lamenter à Dieu sur ton sort, mais que tu ne pognes jamais le téléphone pour appeler une amie et lui partager ce que tu vis, que tu ne laisses jamais ta belle-mère mettre les pieds chez vous parce que ton ménage n’est pas assez impeccable, et que tu ne vas pas à l’église pour voir d’autres chrétiennes et vivre des belles choses avec elles, ben ça se peut que tu passes à côté de bien des occasions que Dieu voudrait utiliser pour t’aimer, consoler ton coeur, et te faire du bien concrètement. Tu piges?

En écrivant ce texte, une petite anecdote un peu triste me revient en tête. Il y a plusieurs années, avant que je songe même à devenir maman, une amie qui habitait proche de chez moi m’a demandé d’aller nourrir ses chats pendant qu’elle serait à l’hôpital lors de son premier accouchement. Quand je suis allée chez elle, j’ai remarqué que sa maison était un peu à l’envers. Et là, pause ici, si elle se reconnait, je veux qu’elle sache que je ne l’ai pas jugé une seconde. Je savais ben qu’à 40 semaines de grossesse, c’était pas la priorité de plier ses deux brassées de linge ou de faire l’époussetage sur le dessus du frigo, mettons. Alors, j’ai eu l’idée de la bénir en appelant quelques amies en commun pour aller faire une p’tite corvée sympa d’une heure ou deux chez elle, histoire qu’elle rentre dans un appart propre et qu’elle ait ça de moins à faire. À ma grande surprise, les amies que j’ai contactées ont toutes catégoriquement refusées, en disant que si c’étaient elles qui venaient d’accoucher, elles auraient été HYPER gênées que d’autres voient le chaos de leur maison. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Ça m’a un peu déçue sur le coup. Aujourd’hui, ça me traumatise carrément.

Si, en lisant mon anecdote, vous vous êtes dit, « moi non plus, je ne voudrais surtout pas qu’on voit mon ménage pas fait », eh bien ce texte est peut-être pour vous. Je suis désolée de l’écrire comme ça, mais vous avez des prédispositions à l’exténuation maternelle, à la surcharge mentale suffocante, et un potentiel réel à vous retrouver en boule dans un coin à vous demander comment ça se fait que vous, vous n’y arrivez pas, ou si mal. Car Dieu ne vous a pas créé superwoman, à tout prendre sur vos épaules tout le temps. Il ne souhaite même pas que vous essayiez. Pire, ça ne l’impressionne pas pantoute, c’est même le contraire.

La Bible nous encourage plutôt à mettre notre orgueil de côté et à porter les fardeaux, les charges, les difficultés et les défis les uns les autres (Galates 6:2).

Vous est-il déjà venu en tête que, pour qu’il y ait ce genre de support mutuel, de relation, ça prend quelqu’un qui aide, mais aussi quelqu’un qui accepte qu’on porte son fardeau? Je suis persuadée à 100 000% que Dieu valorise autant l’un que l’autre, et ne nous appelle absolument pas à ne jouer que le rôle du supporter.

Je rush encore, mais…

Je suis toujours dans la saison la plus difficile de ma vie. Si mon été dernier a été infernal, et que je croyais que les choses s’amélioraient cet automne, la débarque a été phénoménale lors du décès de ma sœur, il y a deux mois. Mon Papa n’en a pas fini avec la transformation radicale de mon cœur, de ma relation avec Lui, de mes faux raisonnements, de toute. Je ne me suis JAMAIS sentie si faible, si incapable de quoi que ce soit, même pas de motivation, en position si humble, et si dépendante de l’aide des gens autour de moi. Et je réalise tranquillement à quel point mon Papa voulait aussi que je comprenne ça : avant de pouvoir penser sauver le monde (haha! quelle prétention!), je dois apprendre à me laisser sauver moi-même, dans tous les sens du terme. Apprendre à dire « je suis la première à avoir besoin d’aide », c’est définitivement l’étape #1.

J’aimerais terminer en disant ceci. Il est possible que vous vouliez de l’aide, mais que vous n’en voyiez même pas l’ombre à l’horizon. Vous n’avez pas cette bénédiction d’avoir une belle-mère dévouée qui habite juste en bas de chez vous. Alors continuez de demander à Dieu de mettre quelqu’un sur votre chemin, soyez assidue à fréquenter votre église locale et n’hésitez pas à faire part de vos besoins à des gens de confiance autour de vous. Mais j’aimerais également encourager ces mêmes églises locales à chercher à mieux supporter ses mamans, de différentes façons. Ce n’est malheureusement pas un « ministère » très fréquent dans les églises que j’ai vues au Québec. Sauf que ça, c’est sans doute un autre sujet qui mériterait un texte en soi. J’ai des idées, ça me démange même dans les doigts de les écrire, mais mon texte est déjà un peu long, alors on y reviendra…

Bref, lâchez pas les mamans. Et rappelez-vous surtout que Dieu ne vous appelle absolument pas à être toujours celle qui aide, qui aime et qui montre l’exemple par ses multiples réussites, mais aussi celle qui accepte d’être aidée, qui se laisse aimer et qui s’inspire de l’exemple des autres. On grandit encore plus vite, on change vraiment pour le mieux, notre coeur est donc ben plus transformé, justement quand on est dans cette magnifique (oui, magnifique! je choisis bien mon mot ici) position d’humilité.

 

Entraide

Écrit par Pricile De Lacroix

Je suis la maman de la pétillante Noémie, cinq ans, et de la douce Léanne, trois ans. Mais avant elles, il y a eu une courte carrière de journaliste, un bac + maîtrise en histoire de l’art, des voyages et de folles aventures, dont la plus grande a été, il y a sept ans, le mariage avec mon incroyable amoureux Jean-Mathieu qui est pasteur principal à l'église de Saint-Honoré en Beauce. Je gère, en plus du joyeux chaos familial, une chouette entreprise en santé naturelle.

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Beaucoup de femmes que je connais considèrent que le plus grand appel de leur vie est d’être mère et que de se donner à 110 % comme maman est le meilleur moyen d’honorer Dieu. J’ai entendu ces phrases encore dernièrement : « Ton plus grand ministère, c’est tes enfants! » et « Une mère devrait être à la maison avec ses enfants au moins jusqu’à ce qu’ils entrent à l’école! ». Ces affirmations sont sans doute assez vraies et sûrement bien intentionnées. Mais, chaque fois que j’entends de telles choses, je ressens un léger malaise, un petit je-ne-sais-quoi qui me chicote et sur lequel je n’arrive pas à mettre le doigt.

Commentaires

2 Commentaires

  1. Laurent

    Bravo, que de belles decouvertes !

    Réponse

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