Nous sommes vendredi après-midi. Sophie[1], jeune maman monoparentale est assise devant moi. Elle fait un retour aux études et je la rencontre chaque semaine depuis le début de la session, pour l’aider à concilier ses tâches scolaires et sa vie familiale. Aujourd’hui, ce n’est pas une bonne journée. Elle a quitté son cours d’économie, en proie à des symptômes de panique. À bout de souffle, elle arrivait tout juste à parler en se présentant à mon bureau. Elle sent qu’elle est en train de craquer. Elle a l’impression de ne plus rien comprendre dans ses cours et elle prend du retard dans ses travaux. Pourtant, elle était si bien partie et tellement motivée de ce nouveau départ ! À la maison, elle perd souvent patience envers ses 2 enfants de 6 et 8 ans, qu’elle trouve exigeants. Sophie n’a pas un gros réseau d’aide et elle prend soin seule de ses enfants à temps plein, le père n’étant plus dans leur vie. Elle fait de l’insomnie depuis plusieurs nuits, n’arrivant pas à arrêter de penser. Elle se sent dépassée par tout ce qu’elle a à faire. Sa tête roule à 100km à l’heure. Elle a perdu le contrôle et son « piton panique » reste allumé en permanence. Fragilisée par plusieurs éléments dans sa vie, Sophie vit un déséquilibre en ce moment. Elle a besoin d’aide pour reprendre le contrôle et retrouver ou atteindre l’équilibre.
Atteindre l’équilibre
Dans le dictionnaire Le Petit Robert, l’équilibre se définit comme l’état de stabilité ou d’harmonie résultant d’une juste proportion entre des éléments opposés. C’est une distribution égale des forces. Dans le domaine de la psychoéducation, l’équilibre est un processus de régulation mis en place par l’organisme…, dans le but de conserver son intégrité individuelle, tout en répondant aux sollicitations de l’environnement.[2] Imaginons un funambule traversant un fil suspendu à plus de 5 mètres du sol. C’est cette discipline peu commune qui a fait la renommée de Laurence Tremblay-Vu, un artiste québécois du cirque, spécialisé en funambulisme. Lors d’une entrevue télévisée, Monsieur Tremblay-Vu a dit ceci:« Quand je suis sur le fil, c’est un déséquilibre constant. En fait, l’équilibre est le contrôle du déséquilibre ».
Garder le contrôle, malgré les éléments qui peuvent survenir, qui ne peuvent être contrôlés ou même prévus. Dans la Bible, la vie est comparée à un fil d’argent[3]. Ce cordon que tout être humain doit traverser en contrôlant les éléments qui lui permettront d’avancer sans tomber. Pour ce faire, il devra rechercher l’harmonie, laquelle découlera d’un juste dosage des forces injectées dans les diverses composantes de sa vie.
Alors, qu’est-ce donc que le déséquilibre ?
C’est une disproportion, une instabilité ; c’est la voie de l’excès. Imaginons ici une balance. Le modèle type utilisé comme symbole de la justice. Dans le cas où les éléments qui y sont déposés ne seraient pas équilibrés, est-ce le côté penchant vers le bas ou celui resté en haut qui représenterait l’excès ? Pouvons-nous considérer que « trop peu » a le potentiel de créer un débalancement ? Bien sûr ; pensons par exemple au manque d’exercice ou à l’alimentation carencée. Dans les deux cas, il y aura un impact négatif sur la santé physique. D’un autre côté, est-ce que les bonnes choses peuvent aussi être la source d’un débalancement ? Eh bien, si celles-ci ne sont pas bien dosées, en effet ; ce sera le cas, notamment, des bourreaux de travail ou encore, des surprotecteurs. L’amour, la discipline personnelle ou familiale et l’exercice physique sont tous des exemples de bonnes choses qui peuvent être mal dosées. Et ce mauvais dosage aura des conséquences telles que la surcharge mentale, l’anxiété ou la détresse psychologique. Conséquences qui se reflèteront également sur nos enfants. Pensons à l’enfant négligé, versus celui qui est surprotégé. Le premier sera à haut risque de développer des carences affectives, et le deuxième, des troubles anxieux.
En tant que maman, il est important de se demander si nous dosons bien notre réponse aux besoins de nos enfants. Outre leurs besoins physiques, ils doivent être comblés de sécurité, d’amour, de reconnaissance.
Et leurs « réservoirs » se présentent tous dans un niveau et un format différents, selon les individus. En effet, si l’on compare nos propres enfants entre eux, nous pouvons constater que chacun n’a pas un besoin égal en termes d’affection, de dépense d’énergie ou de quantité de nourriture. Si je prends mon garçon, par exemple, il n’a jamais assez de câlins et passe difficilement plus d’une heure sans contact avec une autre personne. Mais ma fille est plutôt comme un petit chat, qui vient chercher sa dose d’affection de temps en temps et qui repart quand elle en a assez. Et c’est parfait comme ça. Il faut respecter nos enfants dans leur rythme et leur personnalité. Nous devons être attentifs à ce dont ils ont besoin. Tout est une question de mesure ; les végétaux doivent avoir de l’eau et du soleil pour vivre. Pourtant, ces 2 mêmes éléments ont le potentiel de les noyer et les dessécher. Et attention à ce que nous ne cherchions pas à répondre à nos propres besoins au détriment de ceux de nos enfants. Ils doivent être poussés pour réussir à l’école ? Oui, il faudra toujours être à leurs côtés, leur offrir notre support, les encourager. Mais il serait malheureux de les décourager en les surchargeant et d’aller au-delà de ce qu’ils peuvent donner. Dans cet exemple, le parent pourrait projeter son propre besoin de performance sur l’enfant, poussé par la peur de le voir échouer, ce qui serait pour lui aussi, un échec.
Nous pouvons lire ce passage dans 1 Pierre 1, les versets 13 et 14 :
« C’est pourquoi, tenez votre esprit en éveil et faites preuve de modération ; mettez toute votre espérance dans la grâce qui vous sera accordée le jour où Jésus-Christ apparaîtra. 14 Comme des enfants obéissants, ne vous laissez plus diriger par les passions qui vous gouvernaient autrefois, au temps de votre ignorance. »
En tant qu’êtres humains, nos actions sont dictées par nos besoins. Et ce sont eux qui viennent animer nos passions, lesquelles ont le potentiel de nous pousser à l’excès. Mais nous n’en sommes pas toujours pleinement conscients. Restons donc à l’affût de ce qui peut devenir mauvais pour nous, et évitons de laisser nos passions prendre le contrôle ; apprenons à nous maîtriser, ce qui nous aidera à rester en équilibre.
Fiche pratique à télécharger
Afin de rétablir notre équilibre, nous devons prendre le temps de s’observer soi-même. Je vous propose une petite fiche à télécharger pour vous aider à faire le point et mettre en place des objectifs.
Geneviève Roger
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[1] Nom fictif
[2] Pronovost, J., Caouette, M., Bluteau, J. (2013). L’observation psychoéducative : Concepts et méthode. Montréal : Béliveau éditeur.
[3] Ecclésiaste 12.6 : « Alors le fil d’argent de la vie se détache, le vase d’or se brise, la cruche à la fontaine se casse, la poulie tombe au fond du puits. »
Photo par Priscilla Du Preez sur Unsplash
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